2. Analyse
Le spectre de l’insécurité
chronique est bien la rhétorique des tenants du pouvoir en place. Ils se
présentent comme garants de l’ordre, de « l’émergence » de la liberté
et de la démocratie. Ils s’identifient aux mérites actuels du Tchad. Qui
s’oppose à leur gestion des affaires publiques ou tient un discours autre
entrave nécessairement au bien être du Tchad et des Tchadiens, il se rend
responsable d’un éventuel chaos pareil à ceux que le Tchad a connu par le
passé. La forme historique la plus radicale de ce chaos est la guerre civile
tchadienne de 1979. Le Tchad était alors devenu un Etat néant jusqu’en 1982 et
les Tchadiens étaient empêtrés dans une délétère situation faite de misère, de
haine et de vengeances aux motifs souvent identitaires. La mémoire collective
tchadienne garde encore vivante le souvenir de ces années sombres. Faire appel
à cette mémoire dangereuse pour dissuader des soulèvements a tout pour être une
arme psychologique efficace: Les « événements » de 1979 comme on les
appelle communément ont laissé une plaie mal cicatrisée dans la croissance de
l’identité tchadienne, une plaie qui peine à guérir. Ces événements sont encore
mal assumés et peuvent provoquer de la paralysie, de l’inaction. Finalement
personne ne désire ouvrir la boîte de pandore, personne ne veut se rendre
responsable d’une crise pareille.
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